Après deux albums très réussis, un film et des multiples concerts en solo ou avec le $-Crew, Nekfeu se fait discret sur les réseaux sociaux. Programmé sur des festivals cet été, un nouveau projet semble approcher. En attendant de découvrir ce que le parisien nous réserve pour cette nouvelle année, l’heure est à classer ses apparitions sonores hors de ses divers collectifs. Demandé dès 2011 par toute la sphère du rap underground, puis par la scène plus mainstream depuis l’explosion de Feu en 2015, le Fennek a laissé trainé sa voix sur de nombreux featurings. Quelque soit l’artiste ou le groupe qui l’a invité, sa copie a toujours été propre et n’a jamais bâclé un seul de ses 16. L’alchimie n’a pas toujours pris, volant parfois la vedette à son hôte. Il reste tout de même difficile de choisir les cinq meilleurs featurings de Nekfeu. Il va sans dire que certains excellents morceaux ne figurent pas dans ce top, tellement la présence du rappeur demande à ceux qui jouent à domicile un haussement de leur niveau, pour avoir la plupart du temps une bonne dose de qualité.
5. Grems feat. Nekfeu – Les vrais
(2011)
Parfois il n’y a pas besoin d’artifices pour donner une collaboration redoutable. Deux rappeurs, le premier a la fougue de la jeunesse, le second a l’expérience. Deux couplets, une prod sombre et fracassante à souhait, la recette est simple mais efficace. En revoyant le clip datant de 2011, je souris devant les néo-puristes de 14 ans qui s’insurgeaient du tee-shirt Wati B de Doums. Du mainstream associé à un rap si sombre et limpide, ceux qui ont découvert le rap avec les Rap Contenders étaient outrés. En attendant, ce « Gremfeu » mérite sa place dans ce top.
4. Orelsan feat. Nekfeu et Dizzee Rascal – Zone
(La fête est finie, 2017)
Retournons une nouvelle fois en 2011. Orelsan tourne autour d’1995 en pleine émergence. Depuis, une collaboration entre les deux bruns chevelus était attendue. A la base en duo sur Cyborg, le morceau est finalement un trio avec Dizzee Rascal sur La fête est finie. Le manque de timing pour que le son figure sur l’album du parisien est finalement bénéfique, car cela donne clairement un des meilleurs sons du projet sorti en octobre 2017. Quelque chose se dégage de ce joyeux bordel, c’est une couleur à son sens littéral : Noir. Je ne peux imaginer le son d’une autre teinte, avec une prod entêtante qui aurait pu être kickée dans le fin fond d’un open-mic sous-terrain à Manchester. Les trois MC’s livrent une excellente prestation : les deux français sont angoissants, l’anglais vient clouer le spectacle avec un flow cadencé.
3. Deen Burbigo feat. Nekfeu – Tu rêves
(Grand Cru, 2017)
Sans une production gigantesque d’Enz’oo, qui a notamment composé pour Nemir, cette collaboration n’aurait certainement pas un goût aussi exquis. Deen Burbigo gère très bien le refrain et son couplet. C’est propre, carré et entraînant. Nekfeu, comme à son habitude, arrive en second et lâche une pluie d’allitérations et paronomases comme il sait le faire. Ce titre aurait pu être un vrai tube, mais n’a peut être pas assez bien exploité et c’est bien dommage.
2. Fixpen Sill feat. Nekfeu – Garde à vous
(Le Sens de la Formule, 2011)
Ce morceau aurait peut-être mérité la première place tant il est puissant. Contrairement aux autres concurrents de ce top, ici Nekfeu ouvre le morceau avec un couplet sensationnel. Ce 16 mêle technique implacable, punchlines tranchantes et une émotion forte. Déjà en 2011, Nekfeu écrivait des punchlines lourdes de sens : « Le peuple n’est pas unanime quand la France est en deuil ». Les deux protagonistes de Fixpen Sill livrent également des couplets millimétrés qui embellissent le morceau. Puis tout cela est mis en lumière par une instrumentale qui colle parfaitement au thème : un classique méconnu, mais un classique quand même.
1.MZ feat. Nekfeu – Les Princes
(La Dictature, 2016)
Sa place de numéro un est méritée. Cette collaboration 100% parisienne fait partie des morceaux qui ont marqué l’année 2016. Avant d’être un morceau magnifique, la présence de Nekfeu a permis à la MZ d’avoir un peu plus de lumière et de rentrer en rotation sur Skyrock. Les quatre couplets sont au niveau, chacun dans leur style respectif. Le refrain du Fennek et de Jok’air est stratosphérique. L’atmosphère est à la fois légère mais puissante, on rentre clairement dans un délire à part quand on l’écoute. Deux ans après sa sortie, il n’a absolument pas vieilli et semble être bien parti pour être un intemporel du rap français. Une partition où les MZ ont montré leur force de frappe, et où le membre du $-Crew a pu faire parler sa poésie : « A travers la vitre je vois les feux ensanglanter les gouttes de pluie ». Un son à écouter la nuit en voiture, éclairée par les lampadaires d’une grande ville.
Evidemment, d’autres morceaux où Nekfeu est en featuring méritent de l’attention, mais il a fallu faire des choix. Si l’on comptait uniquement la performance de l’invité, « Paris la nuit » avec Rim’k aurait par exemple pu y figurer. Que ce soit en 2011 dans des home-studio avec les freestyleurs parisiens, ou à distance en 2017 avec Ninho, Nekfeu a toujours honoré ses invitations. Nous attendons maintenant de pied ferme la suite des aventures du Fennek, que ce soit en groupe ou avec un nouvel album solo.