Le rap parfois c’est un peu comme le football, on mise beaucoup sur certaines pépites pour les voir disparaître au fur et à mesure, Niska a failli faire parti de ceux là. Son arrivée dans le rap, digne d’un Ben Arfa, avait été très remarquée, en grande partie grâce à son énergie incroyable. Maitre Gims avait eu la bonne idée de l’inviter sur LE tube que tout le monde connaît aujourd’hui. Puis on s’est dirigé de plus en plus vers un Ben Arfa en mode Hull City, oscillant entre le très mauvais et le passable. Dans chaque style de musique, le tube pour lancer un album est indispensable, avec « Réseaux » Niska a visé en plein dans le mille, le coup parfait. C’est grâce à cela, entre autres, que son album Commando réalise le meilleur démarrage rap de l’année avec plus de 63 000 exemplaires vendus (pouloulou le streaming). Un album attendu, des ventes qui le confirment mais au final, Commando est-il un bon album ?
1/ Story X : Une prod’ sur mesure! Incroyable entrée en matière de Niska, on se rend vite compte du niveau pris entre temps. Le trop plein d’énergie parfois, est ici maîtrisé de bout en bout, c’est un récital. Un bémol tout de même, qui délivre l’ordonnance qui oblige à commencer son album par ce format d’intro ? Là ou les modes de consommation ont évolués, on reste encore très accroché à cet élastique. Mis à part ça, l’intro est un sans-faute.
Ici, c’est la basse-cour, c’est nous les coqs
Les poulets, on leur fait l’amour
2/ Réseaux : Moins sensuel et estival que Despacito et pourtant c’est ce morceau qui a détrôné la zumba de Porto Rico au top. Je m’avance sûrement, mais ce morceau restera culte dans l’histoire du rap français. À l’image d’un « Molotov 4 », ce titre est tout simplement magique. Refrain plus qu’efficace, du gimmick, et c’est assez rare pour le souligner dans un tube : les couplets sont très bons. Ce morceau à lui tout seul place Niska dans une autre dimension, dur de trouver des défauts à ce morceau, il y apporte une vraie atmosphère, même les backs sont mythiques. Chapeau l’artiste !
3/ La Wewer : Je ressors la minerve du placard. Difficile de ne pas bouger la tête spontanément sur ce titre. De façon très assumée, il se positionne comme l’hériter naturel de la trap en France. Il faut tout de même être dans une ambiance très particulière pour écouter ce type de morceau. Artistiquement c’est très pauvre, le refrain en est la preuve. Une fois que l’on à bougé la tête et fait des dabs que reste-il ? Rien. Mais c’est déjà pas mal de perdre quelques calories grâce à un morceau.
4/ Ah Bon : Il faut croire que sa participation au morceau « Sapés comme jamais » lui a donné des ailes. Il a bien raison de s’essayer à cet univers musical, c’est très réussi, vraiment. En termes de lyrics c’est très pauvre, on ne lui en tiendra pas rigueur, dur de concilier les deux. Seul Niska peut apporter ce type d’ambiance à lui tout seul dans un morceau, je reste tout de même sur ma faim, l’overdose d’Afro-Trap est sûrement passée par là.
5/ Medellin : En plus d’être un repos pour mes oreilles, ce morceau est vraiment très bon. Une prod’ simpliste, Niska rappe avec moins d’artifices et s’essaie au chant. Le rendu est vraiment très bon, là où on l’attend le moins il arrive à surprendre. Signe d’une évolution certaine, on sent une certaine aisance dans cette façon de varier les flows. Hâte de retrouver ce Niska là…
6/ Salé : Je le retrouve tout de suite après le Niska que je réclame. Petite pépite ce morceau, j’aurais tout de même préféré qu’il reste sur du chant tout au long du titre. La partie rappée, dénote avec le reste, c’est moins harmonieux d’un coup, dommage. Quand on attend l’album d’un artiste, on attend ce genre de son, que l’on ne retrouve pas dans une mixtape. C’est travaillé, c’est carré, c’est propre, c’est salé.
7/ Tuba Life feat.Booba: Apparement c’est Booba qui a eu le choix du titre. Quand on fait un featuring avec Booba, en général on sort son meilleur couplet. D’une part car c’est naturellement un morceau ultra attendu, mais aussi car Booba peut sortir le couplet de l’année sans prévenir (demandez à Lino). Sur ce coup là, Niska s’en sort indemne, Booba déballe le vocoder et des lyrics sortis du fond d’un tiroir Ikéa en solde. Sur le papier cette collaboration est une montagne, elle accouche au final d’une souris comme le veut l’expression. Quand tu invites Booba on ne sait jamais à quoi s’en tenir, Dosseh par exemple à eu de la chance, Niska un peu moins.
À c’qui paraît
La trap a fait son temps, ils racontent que d’la merde
Regarde, nous, on brasse encore
8/ B.O.C : En soirée d’entreprise, ça finit toujours par « Les lacs du Connemara » de Michel Sardou. Ce morceau a le potentiel pour annoncer les fins de soirée hip hop, avec les plus bourrés sur la piste. Pas sûr que la soirée ne finisse pas en bagarre, mais ce morceau aura sa part de responsabilité. Alors du coup, bien ou pas bien ? À jeun non, avec 4 grammes dans le sang sans doute, ça fait quand même beaucoup d’alcool pour apprécier un morceau.
9/ Snapchat : Dans un album on a le tube, et là nous avons la banane ! Après « Réseaux », on reste plus ou moins dans le même esprit. Enregistrer un morceau quand ton directeur artistique part en vacances devrait être interdit. Je ne comprends pas du tout ce titre, Niska reprend les codes de l’écurie Wati B avec le talent en moins. Le public n’est pas dupe, ce morceau ne figure pas dans son top streaming et pourtant on voit bien que c’était l’ambition. Un snap en débit réduit.
10/ Versus feat.MHD : Dans son couplet, MHD dit « J’étais peinard chez moi, fallait pas m’chercher » , et il n’a pas tort. Quand on amène MHD on sait d’office à quel type de morceau s’attendre. Si l’ambition c’est d’être à chaque fois numéro un dans les mariages alors le but est quasiment atteint. À part ça, c’est bâclé, c’est de l’affreux trap (mdr), deux gros noms en featuring, deux déceptions. Entre un Niska qui veut mettre MHD dans des chaussons et un MHD en manque d’inspiration cela donne un morceau plus que banal.
11/ Twerk dans le binks : On revient un peu aux sources. On sent tout de même que c’est dans cet exercice où il se sent le mieux. Il se ballade littéralement, alternant les ambiances, toujours aussi bon dans ses backs, le tout donne un très bon morceau. Hormis le refrain, selon moi, très en dessous, Niska maitrise clairement son sujet. Le boss de la trap en France? Sans doute !
12/ Favelas feat.Skaodi : Très bon morceau ! Les fans de la première heure doivent être ravis. Moins trap que les autres morceaux, Niska rappe de manière un peu plus « classique » et il rappe très bien de cette façon également. Skaodi apporte vraiment quelque chose, plus brut, sans artifices, cela dénote. La collaboration qui fonctionne le mieux est celle que l’on attend le moins.
13/ Chasse à l’homme : Je serais prêt à payer, pour voir seulement ce morceau en concert. L’énergie est incroyable, cela rend un morceau complètement enivrant, quand on arrive à vraiment rentrer dans le délire. Dans ce domaine, Niska est vraiment excellent, le morceau perd un peu de sa superbe au fil des minutes, mais quand on achète un album de Niska c’est ce type de morceau que l’on veut.
14/ H&M : C’est le « Zlatana » ou le « Starfuckeuse » de Niska. Je ne comprends pas du tout ces types de sujets, je l’explique par un manque d’inspiration. Il n’apporte rien, on ne sait pas ce qu’il veut dire, c’est inaudible. Assez supris tout de même de ce morceau, choix surprenant. Toutes mes excuses à Rohff pour cette comparaison.
15/ D.M.B : Acronyme de « Dans mon bendo », logique quand on connaît le personnage, je suis même surpris qu’il n’ait pas déjà fait un morceau avec ce titre. On est clairement en dessous de ce qu’il peut faire. Le morceau n’est pas mauvais, loin de là, mais il rentre dans le rang, on ne s’attarde pas dessus. La faute peut être à ce format de 16 tracks, trop long aujourd’hui, il y a toujours quelques morceaux dont on pourrait se passer, il en fait clairement partie.
16/ Amour X : L’album se termine en totale décalage avec le reste de l’album. Un Niska lover, sujet toujours aussi à la mode dans le rap français, un peu d’eau de rose mais pas trop t’as vu, faut que ça reste un peu street, et garder le champ lexical des armes. En somme, on quitte cet album avec un titre très moyen, à l’image quelques autres morceaux. Niska n’est pas à l’aise dans cet exercice, j’ai le sentiment que ça remplit plus un cahier des charges artistique. Triste sortie.
Cet album est assez bizzarre. Quand on l’écoute dans l’ordre, les premiers morceaux nous rassurent, on sent clairement l’évolution de Niska. À l’image de « Réseaux », on a envie de croire enfin que Niska va assumer son statut de tête d’affiche du moment. Il n’en est rien, Commando est en fait une boîte de nuit géante avec 10 salles différentes, 10 salles, 10 ambiances. Dans certaines salles l’ambiance est au maximum, c’est là qu’il faut être, là où sont les plus belles meufs. Dans la majorité des salles, l’ambiance est morose, le dj est mauvais, encore une soirée ou tu aurais pu économiser ton argent. Remettons tout de même cet album dans son contexte, il était très attendu certes, mais pas non plus comme l’album de l’année. Tant mieux, car déjà ce n’est pas l’album de l’année, mais le travail est tout de même notable. J’apprécie Niska, pour l’énérgie qu’il amène et sa légèreté assumée dans les lyrics. Cependant, cet album n’est un pas un « gros » album, quelques bons morceaux et d’autres vraiment en dessous. On pensait avoir le Ben Arfa de Nice, on se retrouve avec celui du PSG. Ah oui oui…